Une histoire lisible

La conservation du site médiéval groupé, dense, rond, anciennement fortifié, est une particularité que Saint-Roman partage avec le bourg de Châtillon. La séduction de celui-ci n’est plus à démontrer depuis que Giono l’inscrivit dans certains de ses romans et qu’une longue série d’artistes y fit escale au fil du XXème siècle. Mais Châtillon est un bourg et Saint-Roman un village. Ses composantes sont évidemment plus modestes, mais aussi plus faciles à déchiffrer. La succession des phases de l’histoire s’y reconnaît aisément et ce n’est pas le moindre intérêt de cette commune.

La partie ancienne ne se limite pas à la butte médiévale. Elle se prolonge à l’ouest sur une ligne de crête, prenant la forme d’un village-rue qui, manifestement, s’est développé pendant les siècles classiques, XVIIème et XVIIIème. La « paix royale » ayant fait sortir toutes les villes, bourgs et villages de France de leurs murs, les Saint-Romanais purent s’affranchir de leur site défensif resserré, mais ils conservèrent leur habitude de construire sur les hauts.

 

Calade en pierres, non-carossable.
L’expansion en village-rue se fit sur le chemin sommital qui accédait au village médiéval dont on peut toujours identifier l’entrée ouest (marquée par une maison arrondie qui pouvait être une tour de garde) et la sortie est, elle aussi dominée par une tour récemment ‘raccourcie’. Ce bout de chemin devenu rue peut être assimilé à ce que l’on appelait alors un « faubourg » prolongeant la « rue du milieu » de l’antique village. A noter qu’à mi-course de cette rue du milieu, une autre maison en forme de tour existe encore, tandis qu’une autre ruelle accède à la maison la plus haute du village, symboliquement appelée « le château ».

La vieille rue du milieu est une « calade » moyennement escarpée, mais comportant tout de même des sections en escalier. Elle n’est donc pas carrossable, au contraire de la rue-faubourg. Les charrettes et diligences venant de Die et poursuivant leur course vers Châtillon furent donc conviées à contourner le quartier médiéval par le bas, dans un arrondi épousant la forme du rempart désormais remanié en façades d’habitations. C’est en somme le « boulevard » de Saint-Roman conduisant au carrefour qui, plus tard, sera celui de la mairie. Une allée plantée de platanes assurera alors la liaison avec la route « nationale », aujourd’hui départementale.
Village médiéval

 

 

 

 

Il est donc tout aussi facile d’identifier le « quartier » du XIXème siècle, une poignée de maisons se répartissant entre l’allée des platanes et la route, et au-delà de la route. Ces maisons sont plus amples que les précédentes, étant souvent surmontées d’un toit à quatre pans tandis que la tradition se limitait à deux pans. Un Café des Voyageurs prit place au bout des platanes, tandis qu’une petite halte en pierres et en tuiles, pompeusement appelée la gare de Saint-Roman, rappelle qu’un petit train parcourut pendant quelque temps ce bout de route entre Pont-de-Quart et Châtillon.

 

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Texte par Philippe Haeringer.